La Grappe, théâtre, 2017

 

 extrait :

 
Le maire : Ce qu'on a voulu, c'est donner un second souffle à notre ville et lui garantir un avenir en l'adaptant à notre époque, numérique, écologique et concurrentielle. Comment avons nous procédé ? Quelles ont été les grandes lignes de nos intentions ?

L’architecte-urbaniste : Il y a d'abord la volonté de retrouver la rue, la rue comme un espace structurant et une interface essentielle entre les habitants.

Le maire : Oui, la rue comme simple voie de circulation, c'est terminé, c'était la ville d'hier. La ville d'aujourd'hui a déjà entamé la transition, dans la ville de demain, les rues seront connectées et intelligentes, vertes et généreuses.

L’architecte-urbaniste : Il y a ensuite le besoin de renouer avec la nature, de laisser à la nature une place centrale dans la ville.

Le maire : Du vert, toujours du vert. Laissons vivre les arbres et les pelouses, mettons des ruches dans les jardins et des cabanes pour les oiseaux sur les façades des immeubles.

L’architecte-urbaniste : L'objectif, c'est d'affirmer une identité.

Le maire : C'est la priorité.

L’architecte-urbaniste : Au niveau du bâti, d'un côté, nous avons recherché une unité esthétique avec des formes et des matériaux récurrents et dans le même temps nous avons conçu des bâtiments emblématiques.

Le maire : Emblématiques et innovants.

L’architecte-urbaniste : Il faut que les habitants de la ville comme ceux qui viennent la visiter, vivent une expérience unique. On cherche du lien avec l'histoire, il faut des repères, mais aussi la projection dans l'avenir. On casse les murs avec la transparence, la lumière créé l'espace et valorise le contexte. Les bâtiments deviennent comme des phares bienveillants qui éclairent l'instabilité de nos vies. Ce sont des cadeaux, des raisons d'éblouissement et de bien-être. Je veux que quand on regarde une construction ce soit comme si on dégustait un tiramisu. Le plaisir doit être immédiat. Organique et sophistiqué.

Le maire : C'est innovant et audacieux. La ville d'hier avait besoin de stabilité, elle pensait avant tout à se maintenir à flot, la ville de demain, elle veut vivre des choses, et que ça bouge, que ça dynamise, elle peut faire 1000 choses en même temps, elle veut du rythme et du changement, un jour avec des poils et le lendemain épilation intégrale. Et tout ça si j'ose dire, « les doigts dans le nez ». Un mot : facilité.

L’architecte-urbaniste : La ville doit se faire avec les gens, elle doit être évolutive, chacun doit pouvoir apporter sa pierre à l'édifice.

Le maire : La ville d'aujourd'hui dit : il y a trop de pollution, c'est horrible, tous les enfants sont asthmatiques ou allergiques, il faut faire quelque chose, ils vont devoir vivre dans des bulles. La ville de demain dira : il faut que ça change, et les habitants vont faire changer les choses, c'est bon ça, ça fait des réactions et nous en tant qu'expert et décideur on doit accompagner ce mouvement sans perdre de vue ceux qui sont derrière, ceux qui sont à la traîne, qui ne comprennent pas, qui ont peur de prendre le virage. La ville de demain elle s'intéressera à tout, elle sera émotive, elle donnera du sourire et de la détente, elle sera subjective et colorée.

L'architecte-urbaniste : Pour la couleur, on a pas encore tranché. Vous aviez dit que...

Le maire : Mais si, il faut des couleurs. Aux spectateurs Et c'est vous qui les choisirez. On va arrêter de se plaindre, on va mettre de l'enthousiasme et de la musique partout et des mains, je veux des mains qui bougent ensemble, demain c'est maintenant, on est prêt.